Le site de petites annonces en ligne Wannonce se trouve depuis peu au cœur d’une polémique importante relativement à la sécurité des mineurs sur internet. Une dizaine de parents d’adolescentes mineures victimes de prostitution via ce site ont récemment déposé une plainte à Paris. Cette plainte a mis en lumière les graves dangers que peuvent représenter certaines plateformes en ligne, dont Wannonce, pour les jeunes vulnérables.
Qu’est-ce que Wannonce ?
Wannonce se présente comme un site de petites annonces gratuit qui couvre divers domaines, dont l’immobilier, les animaux de compagnie ou la vente de vêtements. Avec plus de 16 millions de visiteurs, le site propose également une rubrique intitulée « Rencontres éphémères ». C’est précisément cette section qui fait l’objet de vives critiques.
Malheureusement, relativement à cette dernière section, on note une absence totale de contrôle de l’identité et surtout de l’âge des utilisateurs sur Wannonce. Cette faille importante dans le système de sécurité du site permet à des mineurs de publier ou de répondre à des annonces à caractère sexuel sans aucune restriction.
Bien sûr, les termes explicites liés à la prostitution sont absents. Toutefois, les photos suggestives et les descriptions ambiguës en dessous des annonces ne laissent aucun doute sur la nature des services.
Les accusations portées contre Wannonce
Les plaignants accusent les responsables de Wannonce de complicité de traite d’êtres humains et de proxénétisme aggravé. Selon eux, il est impossible que les gestionnaires du site ignorent l’exploitation sexuelle des mineurs qui s’y déroule, d’autant plus qu’ils en tirent un profit direct.
Les avocats des familles soulignent que Wannonce joue de fait le rôle d’intermédiaire entre les jeunes victimes et leurs clients potentiels. L’ampleur du phénomène est alarmante. Entre 2016 et 2021, plusieurs adolescentes âgées de 14 à 16 ans se sont prostituées par le biais de Wannonce.
De plus, certaines de ces adolescentes étaient en situation de fugue. Les parents dénoncent également l’exploitation pornographique de l’image de mineures et la diffusion de contenus inappropriés accessibles aux enfants.
L’absence de transparence de Wannonce
L’opacité qui entoure la gestion de Wannonce soulève également de nombreuses questions. De fait, le site ne fournit aucune information sur son propriétaire, son éditeur, son hébergeur ou encore l’adresse de son siège social. Cette absence totale de transparence renforce les soupçons des parents quant à la nature des activités qui s’y déroulent.
Le modèle économique de Wannonce repose sur la publicité, notamment celle gérée par Juicyads pour la « partie adultes » du site. Ce ciblage spécifique des annonces publicitaires sur la rubrique comportant des offres à caractère sexuel démontre, selon les plaignants, que les responsables du site agissent en pleine connaissance de cause.
Les témoignages et avis des victimes
Le témoignage de Nina Delcroix, ancienne victime de prostitution entre 15 et 17 ans, est particulièrement édifiant. Elle décrit Wannonce comme un système « très vicieux », connu pour la facilité avec laquelle on peut y créer une annonce et se localiser, sans aucune vérification d’identité.
La jeune femme raconte avoir reçu une centaine d’appels en seulement quelques heures après avoir publié une annonce. Cela illustre la rapidité et l’efficacité du site en ce qui concerne la mise en relation des mineurs vulnérables avec des clients potentiels.
Les conséquences de cette exploitation sont dévastatrices pour les jeunes victimes et leurs familles. Anne est la mère d’une adolescente de 15 ans tombée dans un réseau de proxénètes après son placement dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance.
Elle témoignera de sa détresse en découvrant des dizaines de messages de clients de Wannonce sur le téléphone de sa fille.
Protéger les mineurs, un besoin de plus en plus pressant
Face à cette situation alarmante, les appels à la fermeture du site de petites annonces Wannonce se multiplient. Cependant, comme le soulignera Anne, la disparition de Wannonce en particulier ne résoudra pas entièrement le problème. A peine aura-t-il fermé que d’autres plateformes similaires émergeront pour le remplacer.
Par conséquent, il est crucial que les autorités, la justice et la société dans son ensemble prennent conscience de la gravité de la situation. Tous doivent mettre en place des mesures de protection plus efficaces protéger les mineurs sur internet et les contenus auxquels ils y sont exposés.